Club local des centralités : mobilités, stationnement et espaces publics au cœur des échanges

Quels rôles jouent les espaces publics et voiries ? Comment contribuent-ils à promouvoir l’image des centres-villes (parcours privilégiés, places, parvis, plus-value du patrimoine...) ? Comment les faire contribuer à une mobilité pour tous ? Comment s’engager dans une démarche d’apaisement et de partage des espaces de la voirie, en répondant aux attentes des habitants, des visiteurs, des commerçants, … ?

Autant de questions auxquelles la trentaine de membres du club local des centralités, réunis le 30 juin 2022 à Voiron, a tenté de répondre en confrontant leurs expériences aux regards d’experts conviés par l’Agence. Ce club, animé par l’Agence à la demande du Conseil Départemental et de la DDT Isère, a été créé en 2021 à destination en particulier des chefs de projet des communes engagées dans des démarches de revitalisation de leurs centres-villes, en particulier les communes faisant partie des dispositifs Petites Villes de Demain et Action Cœur de Ville.

Partage d’expériences

Monsieur le maire de Voiron, Julien Polat, a témoigné des démarches engagées sur le centre-ville, des attentes et des aspirations de sa commune liées à son engagement dans le dispositif Action Cœur de Ville depuis 2018, et des projets de requalification de l’espace public, la gestion des stationnements sur le mail.

“Nous avons l’ambition de revenir à des espaces de vie qui ont été remplacés par du stationnement. Sur le mail, il faut récupérer de l’espace : on va donc enlever la voiture mais ne pas condamner l’accessibilité de la ville. C'est pourquoi nous voulons créer deux parking silos en centre-ville pour reconstituer l’offre enlevée en surface sur le mail. Faire du parking c’est cher mais c’est un investissement pour l’agrément des rues, pour libérer de la place pour les autres modes ... les gagnants seront les autres usagers, ceux qui auront les voies de bus en site propre, des aménagements cyclables sécurisés, des arbres.”

Florence Mensah, cheffe de projet PVD de Pont de Beauvoisin, a témoigné de la candidature de la commune à un appel à projet ADEME pour la promotion des mobilités actives (AVELO2) et l’organisation d’une journée sans voiture en centre-bourg en septembre.

Gilles Lancelon, directeur du pôle urbanisme de Voreppe, a partagé une expérience concrète en décrivant le processus qui a amené le travail de piétonnisation du centre-bourg et la requalification des espaces publics entre la mairie et la gare, avec un cheminement piéton réalisé.

Expertise

Guillemette BOIS, ingénieure mobilités du bureau d’études ARTER, a apporté un éclairage sur :

• les éléments de méthode : l’intégration des enjeux de mobilités dans les démarches de revitalisation, les liens entre l’approche mobilité et les espaces publics, les étapes, les points de vigilance, les données permettant d’objectiver les discours souvent caricaturaux sur le besoin et la place de la voiture en milieu rural, la concertation, puis les scénarios et la réalisation d’aménagements d’espaces publics.
• les leviers permettant de réduire la place de la voiture et augmenter celle des modes actifs : les démarches vers une meilleure acceptabilité des élus et habitants (plan de circulation, dimensionnement des carrefours, réorganisation des stationnements en fonction des usages…).

Le regard Agence

Les enjeux de revitalisation des centre-villes et centre-bourgs rassemblent :

• enjeux de santé et de cadre de vie : l’intégration des besoins liés à la santé et au cadre de vie passe par une prise en compte du vieillissement de la population (autonomie, accessibilité aux commerces et services) tout en associant les besoins des enfants et poussettes. Satisfaire ces enjeux, c’est tendre vers une qualité des espaces publics aux aménités suivantes : espaces « marchables », cyclables, conviviaux, homogénéisation du traitement de la voirie, des sols et mobiliers urbains, prise en compte des distances perçues.
• enjeux de mobilité : le report du stationnement doit permettre une redistribution de l'espace public en faveur d'autres usages (piétons, loisirs, mobilier, recul devant les façades et devantures...). Le tester avec des aménagements provisoires permet de rassurer élus et habitants : neutralisation du stationnement, diminution de la voirie dédiée aux automobiles, fermetures de certains axes à certaines heures (dépôt d’école, marché)...

Les échanges ont montré l’intérêt et les attentes des chefs de projets sur des réponses concrètes et innovantes pour convaincre élus, citoyens et commerçants de la nécessité de changer de pratiques et d’accompagner ces changements pour les rendre acceptables et profitables à tous.

Le témoignage de deux communes qui n’en sont pas du tout au même stade de réflexion a été un élément permettant la richesse des débats : l’une (Pont de Beauvoisin) s’engage aujourd’hui, à l’occasion du lancement de la démarche PVD, tandis que l’autre (Voreppe) peut présenter l’aboutissement de réflexions lancées il y a près de vingt ans ! Ainsi, si le long terme doit servir de boussole, des actions efficaces peuvent aussi être réalisées rapidement.

Le bureau d’études ARTER a complété sur la palette d’outils disponibles pour s’engager dans ces démarches : du diagnostic multimodal aux plans de circulation et fiches action, en passant par les propositions de scénarios et le passage obligé de la co-construction avec les habitants et usagers, qui apportent leur « expertise d’usage ».