« Le concept d’urbanisme favorable à la santé (UFS), créé à partir des années 2000, repose sur des choix d’aménagements et d’urbanisme qui promeuvent la santé et le bien-être des populations ».
Santé Publique France
Les collectivités et les acteurs de la fabrique du territoire ont le devoir d’identifier les déterminants influençant la santé des populations sur lesquels ils peuvent agir afin de les prendre en compte tout au long du processus de projet. L’Agence accompagne les démarches d’urbanisme favorable à la santé et au bien-être grâce à :
- sa capacité d’observation (cohésion sociale, habitat, environnement, organisation territoriale…),
- son expertise sur les questions environnementales en lien avec la santé, sa maîtrise des outils des politiques publiques et des documents de planification à l’œuvre sur les territoires (PLH, PDU, PLUI, PCAET, SCOT, etc.),
- sa connaissance des processus de fabrication de la ville (projet urbain, opération de revitalisation des territoires...).
Intégration des enjeux de santé dans les documents d’urbanisme et les projets urbains
Dans le cadre du Plan régional Santé Environnement (PRSE3), l’Agence travaille depuis 2017, en partenariat avec le réseau des agences d’urbanisme Auvergne-Rhône-Alpes (UrbA4), l’Agence régionale de santé (ARS) et l’Observatoire régional de la santé (ORS), à l’exploration de l’urbanisme favorable à la santé : élaboration d’un volet santé au sein du document de programmation de l’habitat (PLH de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté), de projets de requalification urbaine (Opération de renouvellement territoriale, ORT de la ville de La Mure). Elle a développé une expertise multithématique qui lui permet d’intégrer ces orientations dans les projets urbains comme l’extension du centre-bourg du Grand-Lemps.
L’Agence réalise également des évaluations d’impact sur la santé (EIS) pour aider les parties prenantes du projet urbain à intégrer la santé dans leurs actions telle que l’EIS menée sur le quartier prioritaire de l’Ile de Mars-Olympiade à Le Pont-de-Claix pour le service cohésion sociale de la Métropole.
Ces expériences récentes s’inscrivent dans la continuité d’une démarche précoce d’intégration des impératifs de bien-être et de santé dans les documents de planification depuis le début des années 2000, traduite dans les PLU, le SCoT, le PDU ou encore, plus récemment, le PLUi et le Plan climat de la Grenoble-Alpes Métropole
Observation et analyse des tendances de santé publique
L’Agence réalise des diagnostics détaillés (quantitatifs et qualitatifs) sur l’état de santé et les pratiques des populations à des échelles variées, de la région au quartier prioritaire. Elle a participé à la rédaction du Regards croisés Santé de l’OBS’y et alimente les indicateurs de suivi du contrat de ville de Grenoble-Alpes Métropole.
Observation de l’offre de soin et aide à sa localisation future
Afin d’alerter sur de potentiels déserts médicaux à moyen ou long terme, l'Agence a établi une photographie territorialisée de l’offre de soin actuelle et future. Elle s’établit à partir de scénarios prospectifs en faveur du rééquilibrage de l’offre de soins à venir ou de projections démographiques des médecins. Un atlas a été élaboré permettant par exemple d'aider à la décision de la localisation du futur centre médico-psychologique infanto juvénile du centre hospitalier Alpes Isère.
En 2019, l’Agence a accompagné la Mutualité Française d’Isère par la réalisation de diagnostics territoriaux préalables aux expérimentations de nouvelles offres de services, de type Ehpad « hors les murs ». Un portrait gérontologique nord-isérois ainsi qu’une analyse de l’offre de services en faveur du maintien en autonomie des aînés ont été produits en collaboration avec le Département de l’Isère.
Ibest, de nouveaux indicateurs de richesse
L'Agence poursuit son implication dans le projet Ibest (Indicateurs de Bien-être* soutenable et territorialisé), lancé en 2012 par un collectif de recherche, de collectivités et de l’Agence. Elle est force de proposition et d’analyse pour ce projet qui mobilise des méthodes quantitatives mais aussi participatives (associations, habitants). L’objectif : offrir une grille d’analyse transversale, fondée sur la notion de bien-être territorialisé, et issue d’une démarche participative, permettant d’évaluer et d’orienter les politiques publiques.
* Le bien-être renvoie à la possibilité donnée aux individus de se réaliser dans le sillage d’une approche capabiliste (A. Sen), tandis que la soutenabilité est relative à la justice sociale, aux biens communs, aux liens sociaux et à la prise en compte de la nature.
Boîte à outils Air, Climat et Urbanisme
L’Agence a réalisé en 2015, pour Grenoble Alpes Métropole en partenariat avec l’Université, un guide permettant aux collectivités, aux architectes d’intégrer sept axes vertueux dans la conception des projets : confort d’hiver, confort d’été, végétalisation, cycle de l’eau, mode de production énergétique, accessibilité, qualité de l’air et nuisances sonores. Cette boîte à outils a servi de support à une animation sous forme de serious game à destination des architectes-conseillers du CAUE.
Et demain ?
La crise sanitaire a mis en évidence les inégalités qui existent sur notre territoire en matière de santé, environnement, d’habitat, de risques professionnels encourus… Une crise qui nous fait réfléchir à la nécessité de mieux identifier nos fragilités individuelles et systémiques et aux outils de prévention qu’il faudra renforcer ou inventer pour diminuer les facteurs qui fragilisent les populations. Les collectivités territoriales sont en première ligne pour réorganiser des espaces urbains plus propices à la santé et à l’inclusion.
La santé les met au défi de redéfinir des politiques publiques qui soient plus transversales et réactives en cas de crise majeure mais qui sachent également articuler le court terme du quotidien des habitants notamment les plus vulnérables et le long terme de la prévention.
Plusieurs axes d’action préventive sont identifiés, faisant appel à une gouvernance santé plus anticipatrice, intégrée et démocratique (articulation entre l’ARS, le département, les villes, les communautés professionnelles territoriales de santé) :
- Agir sur les déterminants qui fragilisent, les facteurs de comorbidité
- Agir sur les paramètres qui rendent très difficile le confinement
- Agir pour répondre aux crises sanitaires et économiques.
L’Agence est bien sûr mobilisée dans la mise en œuvre d’un urbanisme qui prend soin. À la fois comme médiatrice (pour favoriser la sensibilisation, la mobilisation et la coopération des acteurs), comme experte (identification des ressources et des leviers) et comme exploratrice (repérage de bonnes pratiques, d’innovations, de liens à construire ou activer, des filières…).