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Interview

Guide métropolitain de l'aménagement résilient en zone inondable constructible

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Grenoble-Alpes Métropole, l’Agence et le Cerema ont collaboré pour produire un guide de bonnes pratiques et de repères techniques en matière d’aménagement et de construction en zones constructibles mais exposées au risque d’inondation. Issu de l’expérience locale, il propose des principes directeurs d’aménagement pour réduire la vulnérabilité sur cinq grands types d’action qui impliquent une approche transversale des enjeux.

Guide métropolitain de l'aménagement résilient en zone inondable constructible

3 questions à Vincent Boudières, responsable mission risques à Grenoble-Alpes Métropole

 

Pourquoi avoir réalisé ce guide ?

Ce guide s’inscrit dans la stratégie Risques et Résilience votée par la Métropole en 2017, sous la présidence de Christophe Ferrari. C’est une suite logique au travail réalisé avec l’Agence sur le volet Risques du PLUi, amenant une importante production de connaissances et de cartes. L’OAP Risques et Résilience a constitué une première avancée pour répondre au besoin des divers porteurs de projet, et leur permettre de s’adapter face à des risques naturels ou technologiques. Avec ce guide, on va plus loin, mais de manière plus ciblée puisqu’il ne concerne que le risque d’inondation couvert par les PPRI (Plan de prévention du risque d’inondation) de nos grandes rivières alpines que sont la Romanche, l’Isère et le Drac. Les lits majeurs urbanisés sont protégés par de bonnes digues, mais dont on postule théoriquement dans les PPRI, la défaillance (brèches dans les endiguements). Pour ne pas figer le territoire dans sa vulnérabilité, il est nécessaire de favoriser un renouvellement urbain adapté dans les zones protégées : c’est là où le guide intervient, comme une aide à la décision et un socle de connaissances solides pour les porteurs de projet, de la stratégie foncière jusqu’au bâtiment, en passant par une approche multi parcellaire de l’urbanisme, qui permet de mieux appréhender la réglementation. Ce guide, qui a l’avantage d’être territorialisé, c'est la brique qui manquait entre le projet et la réglementation pour des opérations complexes, en milieux exposés mais constructibles.

Avec qui a-t-il été réalisé et qu’elle en est la plus-value ?

Ce guide a été produit sous l’impulsion de Jean Yves Porta et de Ludovic Bustos respectivement, Conseiller délégué métropolitain aux risques naturels et technologiques et Vice-président de Grenoble-Alpes Métropole, chargé de la stratégie foncière, de l’urbanisme et du PLUi l’Urbanisme. Sur la base de travaux antérieurs, il a été coréalisé par la Métropole et le Cerema, avec le concours de l'agence d'urbanisme qui a fait valoir son expertise pour enrichir les contenus, mais aussi dans le cadre d’ateliers thématiques multi partenariaux et d’entretiens. Même si depuis la nuit des temps l'homme s'adapte à son système de contraintes environnementales, on est ici malgré tout sur une approche innovante, qui s’appuie sur notre propre contexte et expérience. C’est pourquoi on a eu besoin de s'entourer de toute l'expertise et de tous les savoirs faire locaux, dont évidemment l’Agence avec laquelle nos habitudes de travail sur le sujet des risques sont étroites. Toute la chaîne de l’aménagement a été associée : les services déconcentrés de l'État et d'autres collectivités locales, des promoteurs, des architectes, des bailleurs, des aménageurs, des bureaux d'études…. Il y a vraiment eu un travail de coproduction de ce guide.

Et plus globalement, comment aborder la question du risque dans l’urbanisme ?

Ce qui est sûr aujourd’hui, c'est qu'on ne peut pas aborder la question du risque simplement à l'échelle du bâtiment et du constructif. J’insiste sur le besoin d’une approche plus globale, à plusieurs échelles (programmation, plan masse, bâtiment) et en partant de l’amont, comme le fait le guide : je cherche les règles applicables, je définis un programme, je dessine mon plan masse, je conçois mon bâtiment, je suis vigilant aux réseaux et je vais même jusqu'à développer la culture du risque autour de mon projet. On voit bien qu'il y a un cheminement de raisonnement. Aujourd'hui, on ne peut pas penser l'adaptation d'un projet sans penser le système de contrainte. L'adaptation du projet, ce n’est pas repousser l'aléa mais c’est faire avec, pour renforcer la résilience du projet et donc du territoire. On va chercher davantage la transparence hydraulique du projet et la place de l'eau, pour limiter l'impact sur les environnants. Ce sont des grands principes directeurs, qui se déclinent à chaque échelle pour que le bâtiment, le quartier, l'îlot ou le programme puissent amener ce gain substantiel de résilience au territoire. En cas de catastrophe, on poursuit pour objectif un rétablissement du territoire plus rapide, en ayant assuré via l’urbanisme la sécurité des personnes et la réduction des dommages coûteux. Cela passe aussi par une dimension culturelle, la conscience que l’on vit dans un territoire exceptionnel mais exposé, et qu’on s’y adapte. Il y a un enjeu sociétal à ce que les habitants, dans les nouveaux projets, en soient conscients, pour une bonne gestion de crise si nécessaire. Cette culture-là ne se décrète pas ; elle doit se construire dans le temps, s’appuyer sur une sensibilisation spécifique qui commence dès la conception du projet. Cette double dimension à la fois technique et culturelle est essentielle et doit s’incarner dans la conception même du projet lorsqu’il se situe en secteur exposé constructible.

Vincent Boudières, responsable mission risques à Grenoble-Alpes Métropole


LE GUIDE

Guide métropolitain de l'aménagement résilient en zone inondable constructible

Les principes d'aménagement portent sur 5 types d'actions :

  • Assurer le libre écoulement des eaux, sans entrave ni accélération, et la conservation, la restauration ou l’extension des champs d’inondation
  • Assurer la sécurité des personnes, en coordination avec la stratégie de gestion de crise du territoire
  • Réduire les dommages sur les biens matériels et immatériels, et faciliter un retour rapide à une situation normale, en particulier en s’assurant de la disponibilité des réseaux
  • Assurer l’absence de pollution ou de risques pour la santé en cas d’inondation
  • Mobiliser les populations afin de partager une culture du risque dans la durée