Vers une centralité plus favorable à la santé

Dans le cadre du Plan Régional Santé-Environnement Auvergne-Rhône-Alpes n°3 piloté par l'Agence régionale de santé (ARS), l’Agence, avec l’Observatoire régional de Santé (ORS), a réalisé de premiers travaux sur la centralité Vizilloise (identifiée comme telle dans la dynamique métropolitaine du PLUi), concernée par de nombreux enjeux de santé. Cette expérimentation confirme que le projet urbain constitue une belle opportunité pour activer certains leviers notamment en termes d’espace public, d’habitat et d’équipements.

Les projets de revitalisation intègrent les enjeux de santé :

• En répondant à la demande sociale de mieux vivre son logement, son quartier, son territoire, à tout âge, à l’heure des crises économiques et environnementales.
• En s’orientant vers un urbanisme du soin pour être plus cohérent entre les politiques publiques et prioriser les moyens pour réduire les inégalités territoriales de santé.
• En contribuant à des actions de prévention à l’heure de l’essoufflement du système de soins, du vieillissement, de l’augmentation des maladies chroniques (obésité), des situations de mal logement (suroccupation, précarité énergétique, humidité…).

Questions à Olga Braoudakis, chargée d’études Territoires / architecte DPLG

Pourquoi cette expérimentation d’urbanisme favorable à la santé à Vizille ?

L’Agence d’urbanisme accompagne depuis cinq ans des collectivités dans des démarches d’urbanisme favorable à la santé, dans le cadre d’un partenariat avec l’ARS. Ces études permettent d’avoir une vision plus précise des besoins des personnes les plus vulnérables sur les territoires où les projets urbains se mettent en place. Les problématiques d’inégalités territoriales de santé de la commune de Vizille avaient été repérées lors de la réalisation du diagnostic santé métropolitain. En parallèle l’Agence mène une mission sur la centralité vizilloise avec la métropole, et il nous a semblé intéressant d’aller sur un territoire où l’Agence est déjà présente. En novembre 2022, les élus vizillois ont validé notre proposition comprenant un diagnostic participatif et des recommandations multithématiques.

Un diagnostic participatif a été réalisé auprès de deux publics : les personnes âgées et la petite enfance. De quoi s’agit-il ?

Avec le diagnostic participatif on s’intéresse aux pratiques. C’est l’occasion de quitter notre regard d’urbaniste et de voir les choses autrement, de comprendre le quotidien des habitants, de se confronter à leurs propres réalités. Pour l’expérimentation vizilloise, on a choisi deux publics qui ont des besoins qui se rejoignent : la petite enfance et les personnes âgées.
La petite enfance, c’est une période qui nécessite que l’environnement soit favorable au développement des enfants à l'âge où se joue le développement de la marche, la découverte de son environnement, la prévention en général. Cela intéressait les élus de regarder plus près cette population du fait des questionnements actuels autour du manque d’attractivité du territoire vizillois vis-à-vis des plus jeunes et de leurs familles.

Il y a un enjeu de vieillissement assez fort à Vizille, d’où le choix des personnes âgées comme second public ciblé. Aborder la question des déplacements et du confort dans les espaces urbains est essentiel pour lutter contre l’isolement des personnes âgées et l’accélération du phénomène de vieillissement. Concrètement on s’est rapproché du CCAS et du foyer des personnes âgées de la Romanche pour rencontrer un groupe d’habitants et tout le monde a joué le jeu. Le diagnostic prospectif avec les personnes âgées s’est réalisé en deux temps en novembre 2022 : un atelier de travail en salle pour identifier le parcours sur carte et échanger sur les trajectoires de vie, sur l‘impact récent du Covid. Puis un tour dans la ville pour visiter ensemble les lieux appréciés, les lieux dangereux, les lieux à améliorer, et même les lieux disparus. Cela revient à questionner les espaces urbains sur ce qu’ils peuvent apporter au quotidien pour se déplacer lentement dans la ville et pour garantir un confort (s’asseoir régulièrement, être à l’ombre, aller aux toilettes).

On a complété en janvier 2023 avec les assistantes maternelles sur le même principe : parcourir ensemble la ville pour avoir un retour sur la place des enfants dans la ville adaptée leurs besoins (sortir, jouer, rencontrer).

On a formulé des recommandations au niveau de l’aménagement de l’espace public pour que ces usagers vulnérables soient mieux accueillis dans leurs espaces urbains, en indiquant les leviers à activer en urbanisme pour aller vers une centralité plus favorable à la santé et gagner en attractivité. Ces recommandations ont été présentées le 23 février 2023 au comité de pilotage réunissant l'ARS, la Ville de Vizille et la Métropole.

Quelles sont les suites envisagées ?

L’expérimentation réalisée en 2022 se poursuit en 2023 dans le cadre d’une étude urbaine multi partenariale réunissant l’ARS, la Commune et la Métropole. Rassemblant des services qui ont la volonté d’améliorer la cohésion sociale sur leur territoire, des élus motivés et des habitants, cette 2^e phase va nous permettre de suivre les leviers activés dans les opérations d’aménagement pour donner suite aux recommandations issues du diagnostic participatif. Les élus vizillois ont souhaité une première déclinaison concrète des recommandations santé à l’échelle d’un site urbain, en amont de la mission d’urbanisme opérationnel que la commune engagera ultérieurement. Il s’agit d’un secteur central dans le fonctionnement du cœur de ville avec des friches et de l’espace public à réaménager. L’objet de l’étude Agence est de fournir des recommandations afin d’aller vers un projet urbain favorable à la santé, répondant à la fois aux besoins des habitants dans toute leur diversité et permettant de gagner en attractivité résidentielle et économique.

Intégrer les enjeux de santé environnementale dans les projets urbains : l’Agence a développé une expertise et des compétences-clés pour accompagner les collectivités dans le défi de l’urbanisme favorable à la santé et plus généralement pour prendre en compte le bien-être de leurs habitants dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs politiques.