Interview croisée
Interview croisée de Renzo Sulli, vice-président de Grenoble-Alpes Métropole chargé des grands projets d'aménagement et du renouvellement urbain et maire d’Échirolles et d'Éric Ruiz, Directeur de la rénovation urbaine à Grenoble-Alpes Métropole.
Le deuxième Programme national de renouvellement urbain est en cours pour la période 2015-2027. Quelles sont les spécificités de ce nouveau programme ?
Renzo Sulli : Nouvelle vision territoriale, intégration des enjeux environnementaux et démarche citoyenne sont les trois nouveautés de ce programme. Aujourd’hui, c’est la Métropole qui est porteuse des projets de renouvellement urbain et non les communes. Ce changement facilite une vision élargie et une cohérence beaucoup plus affirmée sur les projets d’habitat et autres thématiques associées, notamment à travers les outils d’urbanisme tels que les PLH ou PLUi.
Eric Ruiz : Le renouvellement urbain des deux Villeneuve de Grenoble et d’Échirolles en est un exemple. Nous avons très rapidement élargi la démarche au projet métropolitain Grandalpe. Quand nous travaillons sur des projets d’aménagement, dans le cadre notamment des OAP du PLUi sur des secteurs comme les Saules à Eybens ou Allibert, nous intégrons la proximité avec les Villeneuve et les actions engagées. De même, les projets de mixité, de diversification de logement, de l’offre, des niveaux de loyers… sont pensés à l’échelle du PLH. Au-delà du PRNU, notre volonté est bien de coordonner la multiplicité des projets, de penser territoire et sens commun.
Renzo Sulli : L’une des autres nouveautés est la dimension environnementale. Les projets de renouvellement urbain l’intègrent, notamment à travers des dispositifs tels que le Plan Air Climat Énergie de la Métropole. Au-delà de la simple question des espaces verts dans les politiques d’habitat et de mixité sociale, la Métropole intègre l’évaluation des impacts de santé, de performance énergétique, d’agriculture urbaine dans les quartiers…
Enfin, la dimension citoyenne est importante. Malgré la période qui ne favorise pas les rassemblements et les réunions, nous avons à cœur d’associer les habitants, de les intéresser et de les mobiliser aux questions liées à l’aménagement de l’espace public. Le triporteur de la concertation, les conseils citoyens, les « groupes référents » ou encore le panel citoyens des Villeneuve de Grenoble et d’Echirolles, sont pour nous des outils pertinents pour échanger avec les habitants et orienter nos politiques publiques.
Le NPRNU fait l’objet d’un dispositif de suivi et d’évaluation auquel l’Agence contribue. En quoi ce dispositif impacte vos actions ? Quelle résonnance avec les autres projets menés à l’échelle métropolitaine ?
Eric Ruiz : Comprendre de quelle manière nous pouvons agir sur l’habitat pour les habitants et analyser les impacts de nos actions à l’échelle de la métropole est essentiel.
Au-delà de l’aspect réglementaire, l’évaluation est un outil dynamique de suivi, de pilotage et de prospective. La convention avec l’Anru est sur une durée de 10 ans… mais la vie des projets n’est pas figée. La démarche d’évaluation, menée avec l’Agence, est continue, à travers des outils comme le suivi de cohorte par exemple. En permanence, nous nous donnons la possibilité de repenser nos pratiques professionnelles, revoir le calendrier, réorienter, compléter, développer certaines opérations en fonction des observations et analyses menées.
L’évaluation est aussi un outil fédérateur, qui contribue au partage et à la vision commune du projet au long cours. Elle est une manière de maintenir le partenariat et d’associer les habitants et leurs représentants à la vie du projet.
Jusque dans le processus d’évaluation, nous veillons à jouer collectif. Nous suivons à la fois le Contrat de ville, le PLH et les autres processus à l’échelle de la métropole. Les indicateurs mis en place sur les différents projets sont identiques ou mis en perspective avec d’autres projets menés sur des territoires voisins ou sur d’autres thématiques.
Comment l’Agence vous accompagne dans cette démarche d’évaluation ?
Renzo Sulli : L’Agence est aux côtés des services de la Métropole. Elle apporte la garantie d’un apport technique de qualité et d’une vision globale sur l’ensemble du projet. Habitat, urbanisme, santé, environnement… L’Agence nous permet de croiser les thématiques à forts enjeux pour les projets de renouvellement urbain.
Eric Ruiz : Au-delà de l’appui technique, l’Agence joue un rôle essentiel. Elle est garante de la mémoire. Les quartiers observés sont ancrés dans l’histoire de notre territoire. L’Agence a cette capacité à conserver la trace de la pensée urbaine pour mieux projeter son avenir.
L’Agence nous apporte sa capacité réflexive, d’analyse interne et externe. Et sa neutralité. C’est un œil extérieur, à l’intérieur de la « famille ». Elle est à nos côtés pour contribuer à la réussite des projets. Nous avons une vraie confiance dans son appui, dans son regard porté, jamais partisan.
Enfin, elle nous aide à élargir et enrichir notre point de vue. Dans nos services dédiés au renouvellement urbain, nous avons tendance à être centrés sur notre territoire et sur la question du logement… L’Agence, par sa connaissance des autres territoires et son champ de compétences, nous aide à objectiver, à prendre du recul sur nos certitudes. Cette capacité à nous pousser à regarder les choses autrement et à nous réinterroger dans nos pratiques est très utile pour mener les projets communs.